Rencontre avec Charlotte Colmant, de la promotion 2020 de l’incubateur.
Photo : Ella Campbell
Quel est ton univers chorégraphique ?
Mon travail est à mi chemin entre la danse contemporaine, la performance, et les arts visuels. Il se manifeste sous la forme d’installations chorégraphiques, questionnant par corps le rapport au temps, a soi, aux autres et à l’environnement. L’installation rend la forme intemporelle, j’aime créer des fragments de chorégraphies qui peuvent se répéter indéfiniment, sans avoir de début ni de fin. Le corps est au centre de mes recherches et devient l’objet et sujet de mes installations. Le langage chorégraphique que je développe part de gestes simples, de la marche à l’immobilité du corps, du toucher aux lignes, laissant apparaître des courbes corporelles géométriques. La vitesse et le rythme ont leur importance, avec une attention particulière aux changements de vitesses, par palier d’accélération ou de décélération. Je suis intéressée par le temps, la répétition et l’énergie dans le corps et entre les corps dans la société. J’explore ces concepts avec un oeil et une démarche à la fois visuelle, esthétique et philosophique.
Peux-tu nous dire quelques mots sur ta création en cours ?
Mon travail de création en cours est une recherche globale autour du cycle, en étudiant le rapport du corps à son environnement. Cette recherche prend la forme d’une installation chorégraphique, adaptable à différents espaces. Le corps, le mouvement, le son, le silence, la lumière, l’air, la respiration, se forment et se rejoignent au service d’une tension, créée par la répétition, les changements de vitesse, et d’espace, les énergies individuelles et celles de groupe. Je cherche a dessiner visuellement un tableau où des corps tournent en rond dans un bocal d’air imaginaire, une métaphore d’un environnement quotidien, dans lequel des énergies circulent à l’intérieur et entre les corps, et se répètent indéfiniment.
Pourquoi avoir rejoint l’incubateur de chorégraphes ?
Je suis rentrée vivre à Paris en mars 2018, après avoir vécu, été formée et travaillé en tant que danseuse et chorégraphe pendant sept ans à New York, et un an à Berlin. J’ai décidé de rejoindre l’incubateur de chorégraphes de la Fabrique de la Danse une fois que je suis rentrée à Paris, dans une nécessité et envie de structurer mon projet de compagnie. Ayant vécue à l’étranger pendant plusieurs années, il n’a pas été facile de comprendre les codes du secteur chorégraphique en France immédiatement. L’incubateur de chorégraphes me permet une ré-insertion et une compréhension de ce secteur, afin de pouvoir porter une structure plus solide et avec comme vocation une diffusion de mon travail à Paris et en France, et plus largement en Europe, et ailleurs dans le monde.