Rencontre avec Viriginie Kahn, réalisatrice et formatrice pour La Fabrique de la Danse.
Artiste : Marion Parrinello – Extrait : La Louve, de Virginie Kahn
Vous êtes spécialisée dans le tournage de la danse : pourquoi cette envie de travailler avec des chorégraphes ? Qu’est ce qui vous inspire dans la danse ?
J’ai découvert la danse tardivement, vers 17 ans, et cela a été une véritable révélation, un véritable désir de vocation. Mais vu l’âge que j’avais, j’ai vite compris que mon avenir était ailleurs. J’ai donc abandonné cette idée, mais pas la pratique de la danse, ni le désir de continuer à travailler autour de la danse. Avant de réaliser des films avec des chorégraphes, j’ai d’abord été photographe spécialisée dans la danse. Le mouvement me fascine, ainsi que les différentes façon de le restituer. Mais autant la photo a tendance à figer le mouvement ou à le rendre abstrait, autant l’image animée permet de le sublimer. Je suis également particulièrement sensible à la poésie ainsi qu’à la sensualité qui émane des corps en mouvement.
Comment se passe un tournage avec un chorégraphe ? A-t-il des spécificités ?
Je travaille de différentes façon avec les chorégraphes. Cela peut être dans le cadre de captations. Dans ce cas, il s’agît surtout de valoriser le travail chorégraphique tout en restant aussi fidèle que possible à la création d’origine.
Cela peut également être pour des films qui seront projetés sur scène pendant une représentation. C’est un travail pour lequel le chorégraphe est davantage moteur puisque c’est généralement lui qui est à l’origine de cette demande. Ces films-là s’apparentent aux films d’art et sont donc très libres en terme de forme et de narration.
Et enfin, cela peut être dans le cadre de courts-métrages de fiction qui sont de ma propre initiative. Dans ce cas, mon désir est plutôt de raconter une histoire à partir du langage chorégraphique. C’est donc encore un tout autre travail. Dans ce cadre là, je travaille de deux façons différentes, mon propos n’étant pas de faire du film d’art, mais de la fiction : soit je décide de rester très fidèle à la création d’origine mais en l’imaginant dans un cadre différent de la scène, ce qui va demander un travail d’adaptation au chorégraphe mais qui reste généralement assez simple ; soit en utilisant la chorégraphie d’origine comme source d’inspiration d’un univers qui m’est propre. Dans ce cas, j’écris un scénario original, qui diffère du projet chorégraphique. Je suis donc amenée à demander au chorégraphe de retravailler sa partition en fonction de la nouvelle proposition.
La difficulté majeur à mon sens, réside dans le fait qu’il s’agît de créer des films muets qui soient aussi forts que des films avec dialogues. Ce que le corps raconte devient alors primordial.
Quels sont vos projets actuels ?
C’est cette troisième catégorie de films qui m’occupe beaucoup actuellement. La collection de courts-métrages Jardins d’illusion a été créée en partenariat avec La Fabrique de la Danse pour répondre à ce désir : trois courts-métrages sont actuellement diffusés en festivals, et un quatrième est en post-production, et deux autres sont en pré-production. Par ailleurs, je travaille actuellement à l’écriture de mon premier scenario de long métrage de fiction, dans lequel il y aura bien-sûr, quelques scènes dansées !