Pour vous, ces quelques mots de Christine Bastin, chorégraphe et directrice artistique de La Fabrique de la Danse.
Crédit photo
Bonjour à vous, qui aimez l’art chorégraphique, le sensible qu’il révèle, et le lien unique qu’il tisse entre soi, les autres et le monde. Aujourd’hui, en ces temps de pandémie, la danse vit cachée, et plus que jamais nous avons besoin de vous pour lui redonner sa visibilité. Vous vous souvenez ? Ce mois de mars 2020 où tout s’est arrêté une première fois, pour cause d’épidémie… A ce moment-là, beaucoup de chorégraphes, empêché.e.s de danser dans les théâtres et autres lieux publics, ont décidé… de danser quand même ! Dans une chambre, un couloir, un garage, un jardin, une salle de bain, un chemin de campagne, sur les toits… Ils ont choisi de se filmer et de vous faire cadeau de ces moments d’intimité. C’était le « Printemps des chorégraphes » de La Fabrique de la Danse, offert à tous sur notre site internet, et il nous a enchanté. Un printemps plein de sensibilité, d’émotions, de vibrations poétiques, où l’exultation du corps, est venu faire réponse pleine d’espérance, au corps immobile et souffrant du confinement.
Ce fut un don immédiat, sans désir autre que de se faire du bien, de nous faire du bien, et de nous mettre en lien. Et voilà que vient l’automne, et à nouveau le confinement, et toujours la danse enfermée ! Or l’écran, le virtuel, la gratuité ne peuvent avoir qu’un temps pour les chorégraphes. Ils aspirent maintenant à retrouver le chemin des théâtres et des espaces publics, car c’est le spectacle « vivant » qui est leur raison d’être… et leur métier ! Or pour le moment, ils n’en vivent plus.
Qu’à cela ne tienne. La danse est tenace, aussi éternelle que l’herbe folle entre les pierres, et nous aussi ! Alors La Fabrique de la Danse met en place un « nouveau printemps » pour mai 2021 ; un Printemps des chorégraphes de chair et de sang ! Avec deux Soirées au Carreau du Temple à Paris, pour les 21 chorégraphes, de nos 2 dernières promotions de l’incubateur. Un temps fort exceptionnel pour renouer avec la joie du vivant, de la respiration commune et de l’espace partagé. Un temps fort où 21 artistes pourront montrer un extrait de leur travail, et retrouver le public et les professionnels. Une chance unique pour eux de reprendre l’exercice de leur métier, de reconstruire tout ce qui s’est écroulé, à force d’annulations de spectacles et de résidences, souvent alourdies de la perte des liens tissés avec les partenaires.
Ces deux soirées, c’est avec vous et votre soutien que nous pourrons pleinement les réaliser. L’art vivant est vraiment en danger de disparition et il a besoin de toutes les forces vives pour se remettre sur pied. Vous êtes ces forces vives. Alors, merci infiniment à chacun, chacune d’entre vous, si vous pouvez participer avec nous, à la renaissance de l’art chorégraphique et à son avenir… Votre soutien sera à l’image de celui que les chorégraphes se manifestent entre eux, dans un état d’esprit communautaire magnifique ; car ils ont l’intention de donner suite à ces Soirées, en inventant pour le futur, d’autres occasions de partager les plateaux.
Il y a là à l’œuvre, un esprit rare de solidarité artistique et une conception très nouvelle de la diffusion de l’art. Une nouvelle façon d’affirmer à la fois, la singularité de l’auteur et la force du collectif. Plus encore, au travers de leurs créations, vous réaffirmez avec eux un monde où se déploie l’être humain dans toute sa richesse, toute sa diversité ; un monde où l’on ose, plutôt que d’avoir peur ; un monde où les énergies se connectent, dans l’amour du mouvement , du vivant. Premiers pas vers la transcendance…
Je touche l’air et tout se met à trembler : le dedans, le dehors,
J’habite dans mon corps, en même temps que l’infini me porte.
Entre lumière et silence, j’entends la musique de l’être …quand je danse.