Entretien avec Mathieu Davoust, de proarti et également formateur à La Fabrique de la Danse.
En quelques mots, qu’est ce que le crowdfunding ?
Le crowdfunding, ou financement participatif en français, est une source de financement de plus en plus employée dans le domaine du spectacle vivant. Il consiste à lancer une collecte de fonds auprès du public sur une période donnée (généralement entre 1 et 3 mois) pour un projet spécifique et en affichant un objectif de financement précis (pour couvrir généralement un ou plusieurs poste de dépenses du projet).
Le crowdfunding repose sur une logique participative qui transforme ce moment de recherche de fonds en un temps fort de communication sur son projet, avant même sa création. Il faut en effet être très actif sur l’ensemble de ses canaux de communication (e-mails personnels, newsletters, réseaux sociaux, communication médias) pour faire parler de son projet et se donner un maximum de chance de réussir sa collecte !
En quoi est-ce une solution intéressante de financement pour les chorégraphes ?
Le financement participatif s’intègre dans une logique de diversification des ressources utile à tout chorégraphe, ou tout porteur de projet artistique en général. Il est très intéressant pour amorcer ou compléter le financement de son projet, d’autant qu’il s’agit d’une source assez « fiable ». Le montant moyen des collectes est aux alentours de 4 900 € et on constate un taux de réussite de plus en plus élevé. Chez proarti, plus de 90% des projets parviennent à atteindre leur objectif de financement grâce à l’accompagnement renforcé que nous proposons. Avec cet accompagnement, et dès lors que l’équipe qui porte le projet est mobilisée pour la collecte, les risques d’échec sont limités.
En outre, une collecte réussie peut permettre de rassurer et de crédibiliser le projet auprès des autres financeurs possibles car elle témoigne de la mobilisation de l’équipe qui le porte et de l’intérêt du public qui le soutient.
Enfin, le crowdfunding permet non seulement de compléter son budget mais aussi de construire un nouveau rapport avec son public en communiquant autrement. Une campagne permet de mobiliser son public avant même que le projet ne voit le jour et peut permettre de lui faire découvrir le processus de création, l’envers du décor. Par une stratégie de communication plus personnelle et par le biais des contreparties qui peuvent être proposées, une collecte doit tisser un lien particulier entre la compagnie et ses donateurs.
Si l’expérience est positive, la collecte peut permettre de faire naître ou de renforcer une véritable communauté autour de soi, qui puisse jouer un rôle actif tout au long de la vie du projet, mais aussi des suivants ! Les donateurs d’une collecte vont par exemple avoir un rôle important de recommandation lorsque le projet verra le jour, et peuvent donc permettre d’étendre son public
Quelles sont les spécificités du crowdfunding pour le chorégraphe ?
Toute collecte réussie repose sur une bonne préparation et la danse ne fait pas exception à cette règle ! Dans le spectacle vivant, il est capital de trouver le bon moment pour se lancer. On peut se lancer à partir du moment où le projet est assez mûr pour être présenté et où le calendrier de création est défini, mais attention à ne pas superposer son temps de collecte avec des étapes de travail trop lourdes (ex : résidence…) car cela réduira le temps disponible pour s’occuper de la collecte.
Comme nous l’évoquions tout à l’heure, le financement participatif est aussi l’occasion de construire un lien fort avec son public. La dimension humaine est essentielle, surtout dans le spectacle vivant. Il faut donc tenir compte de cet objectif en mettant en place un discours mobilisateur et en proposant des contreparties permettant des rencontres.
Enfin, il est important de mettre en place une stratégie de communication qui permette de prendre en compte tous les aspects de son projet pour essayer de le partager avec un public le plus large possible. Le projet artistique est évidemment essentiel (attention toutefois à ne pas trop « jargonner » pour ne pas exclure les néophytes ! ) mais il faut également mettre en avant la démarche, les valeurs ou encore l’impact social du projet pour toucher des donateurs en dehors des publics de la danse.
Pour cela, l’idéal avant de se lancer est d’aller jeter un œil à des collectes inspirantes ! Nous avons accompagné plusieurs projets suivis par la Fabrique de la Danse, tel qu’Abyme de Simon Feltz ou encore La Ronde de Pauline Marbot.
Quelles sont les plateformes de crowdfunding spécialement destinées au spectacle vivant ?
Il existe d’autres plateformes généralistes (multi-secteurs) qui peuvent héberger des projets artistiques ou chorégraphiques. Mais proarti.fr est la seule plateforme spécifiquement dédiée à la création artistique et à la découverte culturelle. En plus de cette spécialisation culturelle, nous proposons à chaque porteur de projets un accompagnement renforcé par rapport aux autres plateformes sur la préparation de sa campagne et la construction de sa stratégie : rendez-vous individuels, conseils sur le budget et l’objectif de collecte, relecture, aide sur la définition des contreparties,…
Portée par un fonds de dotation à but non-lucratif, proarti prend aussi en charge de manière juridique et opérationnelle le mécanisme du mécénat sur les collectes, qui offre des réductions d’impôts aux donateurs des projets éligibles et les incite à doubler leurs dons !
Avant de se lancer, il est utile de se renseigner sur les différentes options possibles pour choisir la plateforme qui convient le mieux à son projet.