On a vu de nombreux spectacles chorégraphiques intégrant des technologies de captation du mouvement à leurs propositions artistiques. Mais que sont ces technologies un peu obscures, et que vous permettent-elles de faire ?
Photo : Emmanuelle Simon
Une caméra de profondeur… qu’est-ce que c’est ?
C’est avant tout une caméra ! Mais comme son nom l’indique elle ne pas capter uniquement la lumière, les couleurs, les formes comme le ferait un simple caméra mais également la profondeur et pour ce qui nous intéresse, les corps. Le principe de base est le même que celui de vos yeux, qui vous permettent d’appréhender les distances : deux capteurs de profondeurs infrarouge permettent à la caméra de distinguer les formes se dessinant dans l’espace et de distinguer un corps d’un fond de scène par exemple.
La technologie la plus souvent rencontrée et accessible dans le spectacle reste encore aujourd’hui la Kinect. Initialement prévu par Microsoft comme un moyen de contrôler une interface de jeux vidéos sans manettes, simplement avec son corps la Kinect a été largement détournée pour de nouvelles propositions artistiques. Son logiciel de base vous permettra de distinguer une silhouette humaine lorsque celle-ci est face à la caméra et de le décomposer en plusieurs points de couleur sur un écran, ou encore de l’afficher isolée sur un écran.
Waouh, ça a l’air magique et ça permet de faire quoi ?
Outre le fait de pouvoir proposer au spectateur une version de vous-même sous forme de points, par projection vidéo, cela vous permet d’aller également modifier quelques éléments de votre scénographie en temps réel ! Par exemple vos mouvements peuvent aller modifier une image, projetée, de la musique, ou même la lumière le tout en fonction de la vitesse de votre mouvement, de votre position dans l’espace, ou du repérage d’un enchaînement donné. Pour cela il vous faudra passer par des logiciels de traitements de données pour le spectacle comme Isadora ou Touch Designer. Cela peut également permettre, une fois inséré dans une installation vidéo de la déclencher uniquement à la présence du spectateur et même modifier une vidéo pour donner à vivre à ce spectateur une expérience corporelle interactive, comme dans l’exemple de ANIMO de Gwendaline Bachini ou la proposition artistique de Vincent Houzé Fluid Structures 360.
Attention terrain miné !
Si la technologie peut être prometteuse, elle est aussi souvent source de bugs, qui devant un public peuvent s’avérer gênants s’ils ne sont pas anticipés. A vous chorégraphes, d’anticiper la marche à suivre, la réaction à avoir en cas de dysfonctionnement pour adapter votre proposition chorégraphique pendant que votre ami geek suera et s’affairera dans l’ombre pour refaire marcher le dispositif le plus vite possible. Il est également important de se demander si cette sources d’aléas est vraiment nécessaire à votre spectacle, ou à votre propos artistique ! Ne sera-t-il pas plus raisonnable de se fier à votre fameux ami à la technique, beaucoup moins faillible que toutes les caméras de profondeur du monde ?