Le 22 juin dernier, les élèves de l’école des Amandiers ont amené Touche le ciel sur la scène du Regard du Cygne. Christine Bastin, directrice artistique de La Fabrique de la Danse et chorégraphe, nous dit comment ces moments se sont passés de l’intérieur.
Photo : Emmanuelle Stäuble
En octobre 2017, j’y avais rêvé très fort à mon ciel : éclaboussures d’étoiles, flaques de lumières, matières filantes , affolement de météorites, éclair blanc, trou noir… et un printemps nouveau qui émerge doucement : douceur, couleurs , pure joie vive de l’enfance.
Et en juin 2018, c’est fait ! Avec 100 enfants de l’école des Amandiers de Paris. Tous répartis en 4 distributions pour une création : Touche le ciel, navigant entre la danse et les nouvelles technologies.
Les images-vidéos, ce sont celles de Jacques Hoepffner, créateur numérique avec qui on s’était fait le pari de tisser étroitement chorégraphie et vidéos, si fort qu’on ne saurait plus qui du mouvement ou de l’image faisait avancer l’autre. Immense plaisir et grande première pour nous deux !
Avec cette envie que j’avais, de ne pas oublier que l’essentiel est au cœur du réel, ; que l’humain, si fragile à côté des images, est quand même ce qu’il y a de plus important… Qu’au-delà de « spectaculaire », il y a « vivant ».
La musique, c’est celle d’un espace céleste imaginaire, celui de Fred Malle, bercé par les prénoms des enfants, strié du fracas des météorites, traversé par le violoniste Galasso et la chanteuse Camille.
Et voilà ce qui s’est passé sur le plateau :
Plongés dans un univers en noir et blanc, une sorte de nuit magique, les enfants ont fait éclore les images doucement, puis, en riant, les ont emportées dans leur course folle, puis ils ont eu peur quand tout les a dépassés, ils ont crié, se sont cachés… Et ont attendu que la douceur revienne, le temps du vivant, l’éclosion des couleurs… Puis un enfant, resté seul, a effacé l’image, reprenant pied ici, maintenant. Heureux du paysage à contempler… Bien au présent.
Voilà, c’était l’histoire de la rencontre de la danse et des nouvelles technologies, en plein cosmos. Avec des enfants qui y sont allés tous ensemble… Dans le même espace, le même rêve, le même torrent plus fort que tout ; plus fort que les peurs, les timidités, les envies parfois de tout casser, d’abandonner…
La danse, l’art, quel pouvoir !
Qu’ils étaient beaux, qu’elles étaient belles, tout en blanc, à réinventer l’univers.
Beaucoup de traces qui restent : les photos d’Emmanuelle Stäuble, mes yeux éblouis de l’urgence de leurs vies, et leurs prénoms : poésie et chant du monde, imprimés très profonds dans le ciel !
L’émotion aussi d’avoir, un temps, fait partie de leur vie d’enfant.
Comme dit Alexandre Legay, qui a été mon compagnon d’armes tout au long de l’année, et qui a partagé les hauts et les bas : « Tu sais quoi ? quand j’étais petit , j’ai fait un spectacle à l’école que je n’ai jamais oublié. Alors, fonce ! Touche le ciel, ils s’en souviendront toute leur vie… »
Et Emmanuelle Simon qui m’a assistée aux répétitions, et qui résume si bien : « Wouah, ils assurent grave !!! »
C’est à pleurer aussi, quand on rentre dans la cour de l’école, et qu’on se retrouve d’un coup avec plein d’enfants heureux dans les bras. Un vrai bouquet de vie cerné par les abeilles !!!
Plus fort que toutes les créations : la course d’un enfant qui traverse l’espace vers toi, en criant.
Elle est là la danse !
Et c’est François, qui pour eux , a voulu tout ça. Francois Bonnard, le directeur de l’école des Amandiers.
Frère François qui parle aux oiseaux et connait le secret de leurs cœurs.
Merci.