Rencontre avec Joséphine Tilloy, de la promotion 2019 de l’incubateur.
Photo : Aurélie Baudet
Quel est ton univers chorégraphique ?
Je ne suis pas certaine d’être capable de formuler une réponse à cette question mais il y a des affinités, des envies qui en retrouvant mes premières notes sont présentes depuis longtemps. Des sujets, des questions, des constats, des matières corps et plastiques, des couleurs qui me tournent en boucle : le vital, l’intimité, la limite, la vibration, l’accumulation, l’énergie… En fonction de l’histoire, l’addition et le dosage de ces éléments varient.
Aujourd’hui, à partir du sujet qui m’anime, je cherche un vocabulaire, une matière corps spécifique à la pièce. Elle apporte les premières images que nous allons décliner vers une narration et dans un espace précis avec les interprètes. La matière corps est musicale, aller chercher son épuisement par des ruptures et des reconstructions.
Peux-tu nous dire quelques mots sur ta création en cours ?
Rosalie est une pièce qui interroge nos rapports aux normes et critères esthétiques à travers deux corps féminins. Dans un espace fictionnel et à partir d’un corps contraint, elles s’approprient et étirent des codes de séduction par le biais des danses d’hier et d’aujourd’hui.
« Et les damoiselles avec une contenance humble, les yeulx baissez, regardant quelquesfois les assistans avec une pudeur virginale » Orchesographie, Thoineau Arbeau
Entre relâchement et contraction du bassin, ces femmes grimaçantes proposent une superposition de mouvement. Chacune à leur manière, elles utilisent l’énergie émanant des différentes temporalités au sein de leur propre corps afin de pousser leur personnage à l’extrême.
« J’apparaissais nue mais je dénonçais la gestuelle stéréotypée de la séduction féminine tels les déhanchements, la bouche en avant, les jeux avec les cheveux. Je créais des attitudes rebelles, inventives, expressives » Paris Match, Orlan
Pourquoi avoir postulé à l’incubateur ?
Il y a avant tout la profonde envie de faire vivre mes projets ainsi que d’apprendre à penser une création dans sa totalité en passant de l’artistique, à la gestion d’une équipe, à la recherche de financements et à la communication. L’envie de faire partie d’un groupe avec qui je pourrais confronter et approfondir mon travail que ce soit avec les incubateurs ou les formateurs.