K Goldstein, de la promotion 2016 de l’incubateur de chorégraphes, travaille depuis plusieurs mois avec des scolaires sur un nouveau projet. Point final de l’aventure : la diffusion d’un court-métrage de 15 minutes de vidéo-danse au festival Move du Centre Pompidou, le 25 juin prochain.
Peux-tu nous présenter Dancescape à L’école ?
Dancescape à L’école est un projet pluridisciplinaire alliant danse, video, cinema. Il propose la création de différentes cartes postales dansées, tournées dans différents lieux avec les élèves. Comment développer son imaginaire au service d’une écriture chorégraphique ?
Cette aventure chorégraphique s’étend sur six mois pour travailler avec des collégiens et des élèves primaires autour de leur imaginaire et de les mettre en jeu et en mouvement dans leur établissement. Par la suite nous ajoutons le médium vidéo pour multiplier le champ de possibles et percevoir l’espace au travers d’un cadre. Cadre de l’écran, de la photographie, du jeu, les paysages sont urbains et architecturaux. Les élèves sont alors tour à tour interprètes, concepteurs et réalisateurs de ces vidéos dans des décors du quotidien qu’ils connaissent très bien et que nous revisitons « version Dancescape ».
Grâce a l’appel à projet de la ville de Paris « L’art pour grandir » , la compagnie KeatBeck a pu travailler en résidence d’artiste dans le collège Suzanne Lacore et l’école primaire Claude Bernard du 19eme arrondissement de Paris. Pour bien soutenir la créativité des élèves, nous avons pu compter sur le Centre Pompidou qui a été très présent tout au long de cette aventure. Ils ont pu mettre en place des projections, ateliers et visites autour des questions esthétiques du projet. Nous venons même de tourner les derniers Dancescapes dans le musée vide !
Et les réseaux sociaux dans tout ça ?
Il s’agit aussi d’un projet qui travail sur les nouveaux médias et notamment comment concevoir les réseaux sociaux comme un outil de création et de présentation. Chaque semaine les avancées et les nouveaux épisodes des élèves sont publiés sur le compte Instagram @DancescapeSchool et relayé sur la page Facebook de la compagnie. La visibilité est alors décuplée, nous avons une moyenne de 500 vues par épisode. Le projet est visible sur la « scène numérique » pendant une période optimale. Les élèves peuvent suivre l’évolution de leur travail sur la durée et présenter le nouveau dancescape chaque semaine à leur familles et leur proches.
Peux-tu partager avec nous un souvenir fort de cette expérience ?
Cette journée de tournage dans le musée vide, restera longtemps inscrit dans ma mémoire. C’est toujours une grande course entre les groupes qui répètent, ceux qui tournent, ceux qui cherchent. Le Centre Pompidou ainsi que les établissements sont d’une grande aide au bon déroulement de ce marathon. C’était un très beau moment, presque un rêve ! Voir les collégiens après 6 mois de travail, réaliser leur video danse avec les élèves primaires fut fort et touchant. Les observer faire des choix, prendre des décisions pour affirmer leur envies par rapport à leur dancescape, marquait bien l’importance de leur engagement dans ce projet.
Dancescape à L’école vient de l’un de tes projets de création non ?
Dancescape à L’ecole est une suite et évolution du projet Dancescape. Il y a bientôt deux ans, je commençais cette proposition autour de l’Espace. Qu’il s’agisse du in situ et des paysages naturel ou bien du web et ces outils virtuels, je souhaitais m’octroyer les espaces comme détonateurs chorégraphiques. Ainsi je publie un épisode et deux photos par semaine et nous allons bientôt arriver au centième épisode cet été ! J’ai pu tourner des Dancescapes dans différents pays ainsi qu’à la Fondation Royaumont.
Dancescape à L’ecole transpose Dancescape dans le monde scolaire et introduit des notions de video danse, chorégraphie et créativité à des élèves d’âges et niveaux différents. Nous avons pu travailler avec 35 jeunes cette année. Réveiller leur imaginaire grâce aux mouvements et les connecter les uns aux autres dans des espaces dansants est le premier but de ce projet.
Justement comment travailles-tu avec les enfants ?
Nous travaillons avec les établissements depuis le mois de janvier. Les séances sont parfois intenses. La temporalité n’est effectivement pas la même que lorsque je suis seul dans un paysage naturel. Je dois, ici, en une ou deux heures arriver à introduire des protocoles chorégraphiques reliés à des séquences cinématographiques pour finir par réaliser un dancescape par séance. Ce rythme soutenu a été un challenge de taille pour arriver à transmettre au mieux le concept et les clefs de Dancescape aux élèves. Le rapport à l’image est primordial dans ce projet !
Pour chaque atelier, je suis parti d’une séquence d’un film que nous travaillons ensuite, pour en dégager des protocoles de mouvements, spatiaux, esthétiques ou temporels. Par exemple, nous avons travaillé sur des extraits du film Le ballon rouge, d’Albert Lamorisse (1956) pour réfléchir à des déplacements, ou encore sur les plans séquences de Citizen Kane, d’Orson Welles pour comprendre la construction et le rythme d’un plan cinématographique. Les films burlesques des Marx Brothers ou de Buster Keaton sont aussi une grande source d’inspiration afin de dégager des protocoles corporels et de percevoir le corps dans l’espace du cadre .
J’ai vite compris qu’en peu de temps les images seraient très efficaces pour parler aux plus d’élèves possibles et leur donner des références communes.
Par la suite, je travaille sur le montage vidéo et sonore pour la capsule web. J’ai pu en fin de parcours proposer aussi une initiation au montage vidéo aux collégiens. C’était très intéressant de leur faire comprendre que tout est possible en montage et qu’il s’agissait de faire des choix en fonction de leur idées d’origine et d’une cohérence globale dont ils ont besoin pour construire leur dancescape.
Et maintenant, le projet est devenu un film ?
Oui c’est la première fois que des dancescapes deviennent un court métrage de 15 minutes. Il sera diffusé au Centre Pompidou lors du festival Move – VidéoDanse, le 25 juin. Nous avons la chance de pouvoir travailler sur une musique originale de deux compositeurs de talent : Maurizio Azzan et Alessandro Ratoci . Ils ont tout les deux des styles différents ce qui a apporté une plus grande variété de point de vues par rapport à la relation image/musique/danse.
Le travail de montage a été une sacrée aventure entre puzzle et labyrinthe. Le film offre un ressenti différent qui n’est pas directement présent sur la page Instagram. C’est aussi une première pour nous de voir Dancescape sur un écran géant et dans une continuité affinée. Nous avons hâte de découvrir et présenter Dancescape à L’école au public !
En savoir plus :
– Diffusion du film Dancescape à L’école le 25 juin à 14h30 au Centre Georges Pompidou. En savoir plus ici.
– La chaîne Instagram Dancescape à L’école