Les chorégraphes de La Fabrique de la Danse continuent leur route : nous sommes maintenant à plus de la moitié de l’année d’accompagnement. Nous en avons profité pour leur demander où ils en étaient de leur création.
AXEL : « Le spectacle suit la transformation, la mutation d’un individu après sa capture »
« Cette année est celle de La Fabrique de la Danse, j’ai énormément de travail à Grenade [NDLR : la compagnie dans laquelle Axel est interprète] et des stages… Je ne reprendrai ma création qu’à partir de fin 2016. Je vais essayer de présenter mon solo Unité 777 le plus possible dans mes moments libres entre les tournées avec Grenade. C’est ce solo qui représente le mieux où j’en suis actuellement sur mon travail chorégraphique : la danse est à mi chemin entre l’animal et l’humain, une sorte d’entité supra-humaine. Elle est nourrie d’instincts primitifs par moments et par la révolte à d’autres. La chorégraphie est entièrement créée à partir d’une recherche sur le mouvement. Le style est plutôt maximaliste dans l’énergie et le mouvement. Le spectacle suit la transformation, la mutation d’un individu après sa capture, le corps, l’esprit sont déformés, souillés, il n’est plus lui-même. Les caractères et les émotions sont lissés, cassés, interdits, uniformisés mais le besoin de fuir conséquent à la rage de vivre est plus fort. »
Yoann : « Le geste qui fuse, le vertige de l’élan »
Yoann est en plein travail sur sa nouvelle création Supernova. Entre deux périodes de résidence à Micadanses qui s’achèveront sur une ouverture studio le 31 mars, il part avec son équipe pour deux semaines de travail au Point Ephémère (ouverture studio le 24 mars). Supernova est une pièce pour 4 danseurs, inspirée de l’œuvre minimaliste A Rainbow in Curved Air, un morceau composé par Terry Riley dans les années 70. « J’ai voulu traduire l’élan joyeux de la musique : elle porte, avec une naïveté subversive, une notion d’utopie, une ouverture sur d’autres possibles. Le geste qui fuse, le vertige de l’élan sont des pistes de composition. Cette musique aux sons rétrofuturistes permet de surfer dans un univers stellaire nous invitant à un voyage cosmique. » Supernova fera sa première le 4 juin au Point Ephémère, dans le cadre du festival petites formes (d)cousues.
K : Deux créations en cours
K travaille actuellement sur deux créations :
– Intermission, un duo avec Veronique Hubert autour du cinéma. Elle sera présentée entre le 1 et le 5 juin (date à définir) au Point Éphémère et du 10 au 20 juin au Chapiteau Grange aux Belles.
– Ce qui me meut : un duo avec la danseuse Georgia Yves, autour « du geste fondateur et du premier élan qui fit de nous des danseurs », du 10 au 20 juin au Chapiteau Granges aux Belles.
Tess : « Une étape importante se prépare, la sortie de notre teaser ! »
« Coté création, une étape importante se prépare, la sortie de notre teaser tourné durant notre résidence! Il sera accompagné d’une vidéo d’interview des deux interprètes. Ces vidéos ont été créées pour une étape encore plus importante : notre campagne de crowdfunding qui sera lancée courant mars et qui aura besoin de tout votre soutien ! Soyez les premiers à suivre la première création de la compagnie. Le dossier en ligne sera au complet avec beaucoup d’informations écrites sur la compagnie, le projet, les deux interprètes, le budget, le tout accompagné des deux vidéos ! »
SANDRA : « Je procède comme pour un film ou un jeu vidéo »
« L’avancée d’Onkalo sur le pan chorégraphique est au stade encore embryonnaire, je construis avec mes collaborateurs depuis novembre, la matrice qui lui servira d’écrin… À savoir la bande-son, l’univers visuel et les personnages. Je procède comme pour un film ou un jeu vidéo avec l’envie de tester une approche créative différente. J’ai beaucoup de plaisir à m’attarder sur ces points là, essentiels à mes yeux pour créer la suite et qui vont imprégner la danse d’informations subliminales.
Ces envies vont de pair avec un fort désir d’orienter le travail de la Compagnie ELEPHANTE vers le transmédia. Ce mode de narration contemporain colle avec ma vision des choses, il élargit tout, et offre une infinité d’opportunités de créer et de collaborer et ça, évidemment ça me plait ! Trouver d’autres perspectives de lectures à un projet, créer des ramifications avec tous les moyens et les outils à ma portée et même ceux hors de portée… Je songe à tout ce qui pourrait venir apporter une valeur ajoutée à Onkalo, pour tendre à créer un univers autour de ce scénario, qui soit le plus riche possible.
Pour commencer nous avons réalisé un clip en extérieur avec mon complice Romain Giquel afin de présenter le personnage du premier solo « Le gardien ». Avec cette vidéo nous espérons donner quelques indices sur l’atmosphère dans lequel évolue le personnage et certaines de ces particularités physiques et psychologiques.
Bien sûr on donne aussi un avant-goût sur sa façon de se mouvoir, des bribes de la chorégraphie mais pas trop car le film n’a pas le même rôle que le spectacle, on n’y montre pas les mêmes choses…
Du côté de la bande-son on avance à grands pas et je retrouve le second complice Martin Drean à la fin du mois pour finaliser le travail d’une session très productive en décembre dernier. L’opération est la même que celle que j’ai envisagée pour l’écriture des mouvements du gardien, on procède comme des collectionneurs de sons. Peu à peu on développe un goût pour certaines couleurs, et de ces sons on cherche à tisser un paysage sonore, à sculpter encore ce qu’est Onkalo, un endroit imaginaire, dangereux, quoi d’autre ? C’est à nous de l’inventer… »
Eva & Ariane : Expérimentation au Carreau du Temple
Alors qu’elles continuent à travailler sur leur création Obscur à soi-même, Ariane et Eva s’apprête à démarrer leur cycle d’ateliers avec Danse en Seine, les mercredi soir au Carreau du Temple. Grâce à des improvisations avec les danseurs, elles travailleront sur « comment atteindre par le geste son ‘premier Moi’, comment retrouver l’harmonie originelle, mais aussi le rapport à l’autre dans sa perte, la quête de soi-même dans le manque de l’autre ou encore la lutte contre soi-même. » Restitution publique le 20 avril.
Bérangère : « Utiliser le vent en tant qu’élément naturel »
En ce moment interprète pour Béatrice Massin, Bérangère travaille également sur sa création qui a pour thème le vent. Que veut-elle dire par là ? « D’un côté, je compte utiliser le vent en tant qu’élément naturel pour trouver des matières de corps spécifiques: la résistance, la déformation, la soumission, l’idée de s’offrir. C’est un travail individuel et collectif. Je cherche à extraire de chaque danseuse sa façon d’y répondre. Au sein du groupe, cela nous amène à travailler sur l’ampleur spatiale, la localisation, l’idée de déplacement d’une population (migration), l’énergie, la direction, les courants, l’agitation. De l’autre côté, j’ai envie de creuser tous les sens que peut nous donner le vent. »
En savoir plus :
– Le programme d’incubation des chorégraphes
– Les chorégraphes