En février dernier, l’équipe de la Fabrique de la Danse remportait le prix «Innovation culturelle» du concours CréaRîF Entreprendre Autrement 2016, organisé par l’Atelier. Dans le jury, l’Office franco-québécois pour la jeunesse, qui offre à l’équipe l’opportunité de réaliser un voyage exploratoire d’une semaine au Québec. Quelques mois plus tard, le 7 septembre, Lucie Mariotto et Orianne Vilmer s’envolent pour Montréal.
Le programme s’annonce intense. Une semaine, 18 rendez-vous, 28 personnes et un festival à découvrir, Quartiers Danses. Tout part de lui finalement, puisque la tenue de cette 14ème édition détermine les dates de notre venue. Nous y apprécions notamment une après-midi de courts métrages chorégraphiques et une soirée partagée de deux jeunes chorégraphes, dont Morgane Le Tiec, une jeune française expatriée à Montréal depuis quelques années et qui a séduit la presse et le public avec sa deuxième création, Barouf.
Montréal, capitale de l’entrepreneuriat culturel
Le dynamisme culturel et artistique du territoire nous frappe dès notre arrivée. Le Quartier des Spectacles fabuleuse invention des acteurs culturels pour se regrouper, donner plus de visibilité à leurs initiatives individuelles et promouvoir le Québec comme place artistique internationale, en est le plus bel exemple. Au coeur de ce quartier, la Place des Arts, grand regroupement d’équipements culturels inspirés du Lincoln Center, et toute l’année, en particulier l’été, un nombre incroyable de festivals : Quartiers Danses, Festival Transamériques, Juste pour rire, les FrancoFolies etc.
Des espaces chorégraphiques innovants
Nos différentes rencontres nous permettent de croiser diverses expériences autour de la création de lieux de danse. Nous constatons avec plaisir que transformer un ancien parking en espace chorégraphique, ça fonctionne !
C’est l’histoire de la Maison de la Danse, ancien garage, aujourd’hui lieu d’accueil de l’Ecole Supérieure du Ballet de Québec et des Grands Ballets Canadiens de Montréal… Pour quelques mois encore ! Bientôt, ils déménageront au sein de l’édifice Wilder avec trois autres co-propriétaires : l’Agora de la Danse, l’Ecole de danse contemporaine de Montréal, et Tangente. Ensemble ils ont imaginé le projet de l’édifice Wilder dans lequel ils cohabiteront tous ensemble d’ici quelques mois. Le projet est pharaonique : la transformation de l’ancien bâtiment et la création d’une annexe sont estimés à 100 M$ financés en partie par des dons et du mécénat (25 M$).
Toujours dans la cohabitation mais à plus petite échelle, l’aventure passionnante de Circuit-Est, centre chorégraphique qui a vu le jour sur l’initiative d’une dizaine de compagnies : rassemblant leurs moyens, elles ont réussi à obtenir, partager et faire vivre des studios de danse pendant 10 ans de manière autonome. Quelques années plus tard et avec le soutien des conseils des arts de Montréal, du Québec et du Canada, les fondateurs ont progressivement pu développer leurs activités, leur équipe de fonctionnement et leurs espaces.
L’union fait la force, c’est aussi le crédo de la Cie Les 7 doigts de la Main, collectif de cirque dirigé par 7 directeurs artistiques bientôt propriétaires d’un espace de 4800 m2…
Conservation et la transmission du patrimoine chorégraphique
C’est justement chez Circuit-Est que nous faisons la connaissance de l’équipe de Fortier Danse Création. Cette rencontre nous permet d’évoquer l’une des problématiques qui nous passionne : la transmission et la conservation des oeuvres chorégraphiques. La compagnie a en effet participé à la mise en place du guide des archives de la danse de la BanQ pour aider les compagnies dans la numérisation et l’archivage de leurs oeuvres. C’est dans ce contexte que Paul-André Fortier Fortier, s’interrogeant sur le futur de ses oeuvres, réalise son « testament artistique », écrit qui recense la liste des pièces que les générations futures auront le droit de reprendre après sa disparition et qui confie à un comité artistique la validation des projets éventuels. La compagnie toujours dans un esprit de partage avec la communauté chorégraphique, a réalisé un guide de réalisation du testament artistique.
Le chorégraphe a choisi de faire don de son solo Bras de Plomb (1993) à la fondation Jean Pierre Perreault et de son projet des boîtes chorégraphiques. Le concept est simple : la boîte chorégraphique rassemble tous les contenus nécessaires à la reprise de l’oeuvre, et la commercialise.
La formation des artistes
De nombreuses initiatives à la fois originales et proches de celles qui existent en France ont retenu notre attention… Tout d’abord, la Serre Arts vivants, incubateur qui met à la disposition des artistes émergents des « environnements favorables à la création d’œuvres significatives et à leur rayonnement, mais aussi le regroupement québécois de la danse, qui développe de nombreuses formations spécialisées à destination des chorégraphes, notamment sur les plans administratifs… Mais c’est en rencontrant l’équipe du Cirque du Soleil au sein de son établissement de formation que nous découvrons avec merveille tout ce qui peut être entrepris en matière gestion des talents artistiques. Du recrutement sur audition, à la gestion des carrières en passant par la formation et le coaching, l’équipe formation chouchoute plus de 1300 artistes exceptionnels qui ont fait rêver plus de 160 millions de spectateurs !
En échangeant avec l’Ecole Supérieure du Ballet de Québec et l’Ecole de danse contemporaine de Montréal, nous prenons également conscience de l’approche pragmatique de l’enseignement supérieur : cours de gestion de carrière, auditions blanches, cours d’interprétation, préparation de CV vidéo etc.
Plongée dans les nouvelles technologies
Impossible de passer par Montréal sans visiter les studios MoCAP d’Ubisoft… Une immersion inspirante et ludique dans les coulisses de la production de jeux vidéos !
Nous remarquons un véritable attrait des artistes pour les nouvelles technologies. A commencer par Marie Chouinard, créatrice d’une application smartphone mais aussi d’un solo avec un oculus rift… Jusqu’à Moment Factory, studio de divertissement spécialisé dans la conception d’événements visuels innovants, comptant aujourd’hui plus de 200 collaborateurs, et notamment à l’origine de l’expérience chorégraphique participative Danser Joe.
L’équipe de La Fabrique de la Danse tient à remercier l’Atelier, l’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse, la fondation Norbert Ségard, le consulat et 104factory pour l’organisation de ce voyage, ainsi que l’ensemble des montréalais rencontrés pour leur générosité, leur partage d’expérience et leurs précieux conseils : Marie Chouinard et Julie Beaudouin, (compagnie Marie Chouinard), Renée Lebel (Quartier des Spectacles), Anik Bissonette et Alix Laurent (École Supérieure De Ballet Du Québec), Elise Charbonneau et Alain Dancyger (Grand Ballets Canadiens de Montreal), Francine gagné (Circuit Est), Lucie Boissinot et Yves Rocray (Ecole de danse contemporaine de Montréal), Morgane Le Tiec, Kristina Joubert Rick Tija et Caitlan Maggs (Cirque du Soleil), Clothilde Cardinal (Place des Arts), Valérie d’Amour et hélène Fortier (BanQ), Tina Diab et Claire Thomas (Cie Les 7 Doigts), Dominic Simonneau (regroupement québecois de la danse), rafael HB (Moment Factory), Frédérique Doyon (Agora de la Danse), Julie Bariteau et Gilles Savary (Paul-André Fortier Danse Création), (Festival Transamériques), Mathieu Paquin et Benoît Lambert (Ubisoft), Marie Bernier (La danse sur les routes du Québec).