Rencontre avec Sandra Français, l’une de nos chorégraphes incubés, qui danse le 24 novembre à Micadanses.
Quel est le point de départ de cette pièce ?
L’envie de percer la première couche d’un être humain pour voir ce qu’il a à dire en dessous, observer d’abord la surface, puis retourner au plus profond. De Chair et d’Os, c’est deux femmes qui s’imposent, qui résistent. Je pense que un des points de départ de Mouvimento pour cette pièce c’est la nécessité de résister.
Est-ce que ce sont des thèmes sur lesquels tu as déjà pu travailler en tant que chorégraphe ?
Pas en tant que chorégraphe mais en tant qu’interprète c’est un thème qui me suit dans mon parcours. Cette femme qui résiste, je l’ai déjà incarné dans une création d’Avatara Ayuso The First Language, un projet inspiré par l’artiste féministe Nancy Spero. Je ne suis pas féministe car ça serait restreindre un combat que je ressens comme étant bien plus large. Je suis comme tout homme ou femme, confrontée sans cesse à des inégalités et au poids du jugement des autres, par l’expression de la danse je turbine pour lutter contre ça et à faire passer ce message. Je travaille sur moi-même aussi, pour me libérer de tout ce qui peut entraver ma liberté. Pour être plus directe, je vous dirais que je travaille sur le « Fuck Off ! » et ça fait un bien fou, tout le monde devrait le faire, en restant dans le respect bien sûr… Mais c’est très important car le respect des autres, ça commence par le respect de soi-même, alors respectons nous et disons « Fuck Off » à ceux qui nous oppressent…
Le teaser est assez angoissant, presque dérangeant : est-ce aussi l’ambiance de la pièce ?
Non, je ne dirais pas que la pièce soit angoissante ou dérangeante , on rentre au plus proche de l’intime, ça peut être oppressant pour certains, dérangeant pour d’autres, tout est subjectif, alors à vous de voir. Moi à l’intérieur de la femme, je trouve un coeur tout chaud.
La scénographie fait appel à de la vidéo, de la retransmission en direct : quel est le but de ce dispositif ?
Avoir plusieurs point de vue sur la scène qui se déroule sous vos yeux, avec plusieurs angles on à plus d’éléments pour se faire une idée. L’envie est de donner en même temps à celui qui regarde la place d’observateur pudique et celle de spectateur intrusif.
Comment ton travail d’interprète complète-t-il ton travail de chorégraphe ?
C’est deux choses qui s’alimentent réciproquement. Pour mes travaux de chorégraphe ce sont des choses très différentes qui vont m’inspirer, un objet, un animal, une histoire, un fait divers, une phrase, un personnage. Je m’invente un monde pour y plonger les idées et créer avec ce qui germe. J’ai toujours fonctionné comme ça car quand il s’agit de mon projet je me donne plus de temps de recherche, de gestation, je ne me jette pas immédiatement dans des procédés chorégraphique. Dans mon travail d’interprète bien sur la temporalité de création est beaucoup plus serrée, et c’est là que j’apprends à être efficace et méthodique et avec chaque chorégraphe j’assimile de nouveaux moyens pour extraire de ma vision, un mouvement, une couleur, un son, une atmosphère.
Informations pratiques :
– De Chair et d’Os, à Micadanses le 24 novembre à 20h (tarifs : 16€, 13€, 10€)
– Site internet