Coup de sifflet. Notes de tango. Nous sommes à Marcoussis, sur le terrain couvert. Au sol, une pelouse synthétique et des ballons de rugby. Nous allons assister à un atelier de tango-contact dans le cadre du projet Bal de Match, « un match chorégraphique dans les espaces d’un stade, un croisement improbable entre tango contact et rugby ».
Improbable c’est certain ! Sur le terrain, plus d’une vingtaine de personnes, des hommes, des femmes, certains en maillot de leur club. En dehors de l’équipe projet, ils sont tous joueurs(-euses) de rugby, ou bien font partie des proches des joueurs. Ce soir, ils ont pris le pari de chausser les crampons non pas pour jouer, mais pour danser.
Sur le terrain, une « torsion » devient une « passe arrière » : Edwine, la directrice artistique, qui mène l’atelier, utilise le vocabulaire du rugby pour mettre en mouvement les participants. Et très facilement, tout le monde s’applique, exercice après exercice : aucune timidité, aucune réserve, au contraire, un esprit collectif apparaît presque instantanément.
Entre le charnel et le guerrier
Mais alors d’où vient ce projet ? Edwine pratique le tango-contact depuis une quinzaine d’année. Ce mélange de tango argentin et d’improvisation contact, emprunte un peu de la codification à la danse de couple et le côté plus organique de la danse contact. Et les deux se nourrissent l’un l’autre.
Avec sa partenaire Sylvie, elles ont commencé à organiser des bal-jam, où les professionnels et les amateurs étaient invités à expérimenter le tango-contact. Et parmi eux, deux rugbymen. Edwine a été étonnée par « l’évidence du collectif, leur côté gentleman », et c’est de là qu’est né une certaine curiosité pour le monde du rugby, et particulièrement ce contraste entre le charnel de la danse et la posture presque guerrière du rugby.
« T’as joué comme une danseuse ! »
Il y a trois ans, Edwine postule à l’appel à projets Arts et Sports avec ce projet Bal de Match.Et de là, il fallait trouver un club. Et pas si simple ! Il faut dire que les deux mondes sont très éloignés : » La plus grosse insulte sur un terrain de rugby c’est « t’as joué comme une danseuse » ! », nous explique Edwine. Le projet se veut un vrai travail de territoire, pour apprendre à connaître les spécificités de chaque club partenaire, aller voir des matchs, rencontrer les entraîneurs, se faire connaître, « occuper le terrain ». « C’est de jouer avec eux qui transforme la relation avec les joueurs », nous dit Edwine.
Après plusieurs « essais » à Alfortville et à Vitry-sur-Seine, Bal de Match est depuis février 2016 en résidence au Centre National de Rugby (CNR) à Marcoussis, et travaille avec deux clubs différents. Le 8 mai prochain, vous pourrez assister à la représentation au CNR, une performance dansée depuis les vestiaires jusqu’au terrain.
Performers :
- Edwine Fournier, conceptrice, chorégraphe et performeuse
- Benjamin Bibas, co-auteur et créateur sonore
- Sylvain Beauchamps, performeur
- Hugues Forey, performeur
- Aurélie Galibourg, performeuse
- Karine Grenier, performeuse
- Natyelli Mora, performeuse
- Gerry Quévreux, performeur
En savoir plus :
– Le site internet de Bal de Match
– Le site internet de l’association Tangible
